Plutôt « clean-desk » ou pas de « desk » du tout ?

La notion de « clean desk » est née dans les années 90 en relation avec le Lean Management et les approches industrielles japonaises incluant la propreté, entre autre, sur son lieu de travail. La formule « clean desk » plus proche des années 2000 semble finalement se rapprocher de l’évolution de l’utilisation d’un meuble de bureau pour le travail. La place du bureau en tant qu’outil de base sédentaire d’un salarié a évolué. Si un manager posait la question à son cadre ou futur collaborateur « plutôt clean desk ou pas ? » Cela sous-entendait de connaître si le salarié rangeait son bureau le soir ou en fin de semaine. Si la réponse était « clean desk », cela signifiait que le bureau était « propre », sous entendu vide de dossier et autres papiers, post-it encombrants…. Et donc que le collaborateur était à jour de ses dossiers et qu’il savait gérer son travail, son timing, ses délais. Ou, à l’inverse, « no-clean-desk » avec des monceaux de dossiers qui recouvraient le bureau, donnant une image plus créative mais éventuellement moins dans la gestion des délais par exemple. Aujourd’hui cette notion a pris de l’ampleur puisqu’elle s’applique non seulement à la propreté d’un bureau mais aussi à un comportement général des collaborateurs. Une approche renforcée par le « no-desk » ou encore le « flex-travail » qui implique la non désignation d’un bureau à un salarié donné. Comment ces deux approches s’imbriquent-elles ? Et comment l’une ne va quasiment pas sans l’autre ? Dans l’image qui ouvre cet article, il semblerait que la réponse soit au delà de la question posée. En mode télétravail avec un bureau certes mais « chez soi » et non plus en mode « clean » dans un espace aménagé commun de travail. Le vocabulaire lui aussi évolue…

De clean à « clean-desk »

La gestion de son travail en « clean-desk » n’implique pas forcément que le salarié n’a pas de bureau attiré. Cela signifie que celui-ci en fin de journée, a pour objectif de laisser sa place propre, nette. Quels sont les effets attendus par les salariés et pour l’environnement de travail ? D’un point de vue général, le mimétisme qui consiste à balayer devant sa porte, c’est à dire à nettoyer son poste de travail, incite les autres à faire de même et porte une ambiance plus détendue et sereine. Une forme de respect généralisé au même tire que l’attention au bruit, surtout dans les espaces ouverts. Le clean-desk aura un autre impact qui pourrait passer pour plus inattendu, mais c’est la discrétion des dossiers et de leur confidentialité. Le rangement systématique permet d’éviter la perte de données. Phénomène amplifié par la numérisation et donc un rangement encore plus efficace. L’image ci-dessus peut prétendre à illustrer le « clean-desk » mais toujours avec une place dédiée par salarié car la personnalisation y joue son rôle. Elle est à peine perceptible mais chacun y a mis de sa touche personnelle. Dans l’absolu cela n’est pas incompatible avec la notion de « clean desk ». Aujourd’hui, elle est pour beaucoup d’entreprise le dernier stade avant le « no-desk » ou encore le flexi-travail.

De clean à « no-desk »

Pourquoi la propreté d’un bureau est-elle si importante dans le no-desk ? Parce qu’elle implique que tout à chacun peut s’asseoir à tel ou tel endroit sans avoir à nettoyer le passage de son prédécesseur. On vient avec sa tasse de café et on repart avec elle en prenant soin de ne rien laisser en terme de tâche(s) au sens propre comme au sens figuré. Le clean desk devient un comportement collectif, une évidence pour bien travailler en équipe ou en solo dans des espaces dédiés qui sont soit des zones actives, des zones de concentration ou des zones intermédiaires. Le bâtit devient un espace de travail collectif réparti en zone selon la typologie du travail et des tâches à effectuer. Le « clean-desk » devient ainsi une manière ergonomique de vivre ensemble, plus neutre ou tout à chacun peut y trouver sa place instantanément ; L’autre aspect de cette tendance « no-desk » c’est qu’elle contribue à la réduction des déchets en optimisant le rangement des données de manière numériques mais aussi dans des casiers dédiés impliquant de ne pas accumuler de papiers et dossiers de manière inutiles. Une tendance qui saura se moduler en fonction des secteurs de métiers entre le cabinet juridique, industriel, de service… Il est effectivement plus facile de réduire les documents papier des bureaux dans les entreprises de services que dans les services juridiques, quoique, tout système est perfectible…

Le « clean-desk » incluant le « no-desk » ne doit pas exclure la part émotionnelle d’aménagement d’espace dédié. Un espace peut être neutre mais pas impersonnel. Les espaces sauront reprendre les codes de l’entreprise en les sublimant pour les porter au regard de tous comme un vecteur de travail et de réflexion collective. C’est l’un des objectifs des aménageurs de bureau afin que le sens de tous retrouve le sens de chacun au cœur de son entreprise.